Le sahel peut-il sortir du cycle des crises alimentaires ? Quelques réflexions pédagogiques sur la définition de la résilience en matière de nutrition
Par Salimata Wade, Professeur Titulaire de Physiologie et Nutrition Humaine, Université Cheick Anta Diop (UCAD), Dakar (Senegal)
« Les êtres humains, confrontés aux difficultés de la vie, réagissent de façons diverses : les uns cèdent à l’accablement, les autres, mus par une force étonnante, expriment une capacité à résister et à se construire »
Durant les 5 dernières années, malgré l’existence de zones à risque, la production de céréales a augmenté en Afrique subsaharienne (CILSS).
Et pourtant, depuis les années 70, la production alimentaire per capita au Sahel est la plus faible du monde et ne peut nourrir la population toujours croissante.
Quelques points qui peuvent expliquer en partie la crise nutritionnelle au Sahel
- L’agriculture et l’élevage sous-développés et inadaptés
- Les pertes post récoltes
- L’augmentation croissante d’aliments importés (blé, riz)
- La crise alimentaire et financière mondiale récente mais durable
- L’absence d’industries de transformation alimentaires
- Les changements climatiques
Au Sénégal, une étude récente (2010) auprès des ménages sénégalais, montre sur le plan national que:
- Seulement 38% des chefs de ménages affirment ne jamais rencontrer des difficultés pour satisfaire leurs besoins alimentaires
- 23% éprouvent des difficultés
- 20%, 1 ménage sur 5, ne peuvent pas satisfaire leurs besoins alimentaires
- 45% des ménages dépensent entre 1500 et 3000 FCFA par jour pour leur alimentation (45 000 à 90 000 FCFA/mois)
- 23% dépensent plus de 3000 FCFA par jour
- La prévalence globale de la malnutrition chez les personnes âgées au Sénégal est de 37%
- Les enfants de 1 à 5 ans montrent généralement une carence en vitamine A (17%), en zinc (42,8%) et en fer (82%).
Le processus de résilience (volonté et travail) est différent du concept de "débrouille". Il représente un engagement et défi de participer à interrompre une trajectoire négative, avec ou sans l’aide des autres
La diversification alimentaire est un des processus importants pour sortir de la crise en augmentant la consommation en nutriments essentiels des populations.
C’est une approche basée sur la production agricole et animale, la transformation, la conservation et la commercialisation.
Elle permet l’amélioration des apports en plusieurs nutriments tout en améliorant les conditions de vie des populations à travers notamment la génération de revenus et contribue ainsi à la sécurité alimentaire.
Au Sahel, il existe une extraordinaire diversité de variétés de cultures traditionnelles non encore potentiellement explorées (biodiversité). La plupart des aliments issus de la biodiversité peuvent avoir des propriétés nutritives et fonctionnnelles et peuvent potentiellement prévenir ou lutter contre les malnutritions et éventuellement être exportés. Pourtant, ils sont peu étudiés.
Quelques exemples de ces aliments sont les céréales locaux comme le Fonio et le Sorgho, des aliments riches en vitamine A et caroténoïdes pour prévenir et lutter contre la carence, comme l´huile de Palme et la mangue; les aliments riches en vitamine C pour aider à l´absorption du fer, comme le fruit du Baobab.
Pour plus d´information sur l´Université UCAD de Dakar, visitez www.ucad.sn/ ou suivez sur twitter @UCAD_Senegal
Plus d´information sur le Professeur Salimata Wade
MME SALIMATA WADE, PROFESSEUR TITULAIRE DE CLASSE EXCEPTIONNELLE DE PHYSIOLOGIE ET NUTRITION HUMAINE, FST, UCAD
- Directrice du Laboratoire de Nutrition et de la formation en Master et Doctorat en Nutrition et Alimentation Humaine, FST, UCAD
- Médaillée d’argent 2010 du Prix du Président de la République pour les Sciences
- Prix 2010 de la CDEAO et de l’Union Africaine pour les Femmes Scientifiques
- Chevalier de l’Ordre national du Lion
- Officier des Palmes Académiques Françaises
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